Résumé :
|
Après une trentaine d'années de croissance et de progrès de l'égalité, les inégalités sociales se creusent partout en Amérique du Nord et en Europe depuis les années 1980. Au même moment, on observe un reflux des États-providences, ainsi qu'un recul de la croyance dans la capacité des institutions à assurer une certaine égalité sociale. Pour beaucoup, il serait temps de se débarrasser du politiquement correct qui empêcherait d'appeler les choses par leur nom : les races , les racailles , les assistés , les putes , les pédés , etc. Bref, même si chacun le déplore, les liens de solidarité qui nous font désirer l'égalité sociale faiblissent irrémédiablement. Nous sommes souvent tentés d'attribuer ce retour des inégalités à la seule force de mécanismes économiques aveugles. Mais ce ne sont pas seulement les inégalités et les crises qui affectent les liens de solidarité ; c'est aussi, et peut-être surtout, la faiblesse de ces liens qui explique que les inégalités se creusent. En dépit de leurs principes, les sociétés choisissent l'inégalité, soit parce qu'elle serait bonne pour la croissance, soit parce que l'égalité reste un principe purement abstrait. Car ce sont les solidarités entendues comme l'attachement aux liens sociaux qui nous font désirer l'égalité de tous, y compris l'égalité de ceux que nous ne connaissons pas.
|